La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.
28 Février 2018
Quand nous sommes arrivés à la Classe, on a trouvé que cet endroit portait très bien son nom puisque nous étions effectivement dans une ancienne école et que la salle ou nous allions jouer avait vraiment été une salle de classe dans une autre vie.
Une salle de classe avec son lot de cris de joie, de rires, de cartes pokémon, de billes, de punitions, de racket, de harcèlement... L'école, quoi.
Mais je m'égare, mes souvenirs de l'école primaire n'étant pas du tout l'objet de ce compte rendu.
Arrivés à La Classe donc, nous avons été très gentiment accueillis par Marie et Hugo.
Marie, pour ceux qui la connaissent (et ils sont nombreux), c'est Marie "de la Motte". Je l'appelle Marie "de la Motte", parce que quand je l'ai rencontrée il y a 15 ans, elle tenait le caf-conc' "La motte aux cochons" à Saint Hilaire de Chalon (dans le 44) et à l'époque tout le monde l'appelait "Marie de la Motte".
Alors moi aussi, forcément, je l'appelais Marie "de la Motte" parce que j'avais 20 ans et qu'à 20 ans, je ne faisais ni plus ni moins que comme tout le monde.
Sauf qu'elle a quitté la Motte depuis un long moment.
Mais moi, je continue quand même à l'appeler Marie "de la Motte" parce que j'ai du mal à tourner les pages.
Ils nous ont donc accueillis à La Classe et, comme ce nom nous l'indiquait, nous nous sommes installés sur une estrade en bois.
À 19h, la balance était finie. Le concert étant prévu à 21h30, nous avions amplement le temps de nous attabler avec tout le monde pour déguster une brandade de cabillaud cuisinée par Marie herself (enfin, cuisiné par Marie "de La Motte", mais Marie "de La Motte Herself", ce qui lui fait un nom un peu long, d'autant plus long que ce n'est même pas vraiment le sien).
Vers 20h, au moment où je m'apprêtais à reprendre une louchée de brandade, des gens du public ont commencé à arriver.
Ils étaient 5, il me semble.
Hugo, préposé à l'accueil, était très embêté car il n'aime pas du tout être attablé quand le public commence à arriver et surtout il ne comprenait pas pourquoi ils étaient venus si tôt.
C'est vrai, nous disait-il, les concerts sont toujours à 21h30 ici, c'est connu de tous.
Alors pourquoi était-ils venus aussi tôt ?
Qui leur avait dit de venir à 20h?
C'était vraiment n'importe quoi !
Il a néanmoins été les accueillir chaleureusement et le dit groupe s'est installé au bar en attendant le concert.
J'imagine qu'ils ont consommé.
Finissant mon rab de brandade, j'entendais les membres de l'équipe de La Classe qui discutaient et qui, décidément, n'arrivaient pas à expliquer la présence de ce public aussi tôt dans la soirée.
Tout le monde s'est alors mis à réfléchir à ce qui avait pu clocher dans la communication de ce concert pour qu'il y ait une erreur d'horaire aussi grande (une heure et demie, quand même .. C'est pas rien).
Je les entendais tous parler autour de moi, et tout en prenant une petite part de livaro, je saisis quelques bribes des échanges. Ils disaient : 20h ... Facebook ... Événement ... Page de Liz ....
C'était très intrigant.
Et là, en les entendant, tout en me servant du vin, j'ai eu un gros flash.
Je me suis revue deux mois et demi plus tôt, chez Morvan, un mardi matin.
Ce matin là, très tôt, nous avions décidé de mettre en ligne l'ensemble des dates de la tournée laboratoire sur Facebook .
Nous étions, devant nos ordinateurs, très très bien organisés, comme d'habitude.
(Probablement en slip, mais très bien organisés quand même). (Et que celui qui n'a jamais bossé de chez lui en slip me jette la première pierre).
Bref, je donnais date par date les informations (jour et lieu) à Morvan qui les rentrait méticuleusement dans l'application Facebokienne.
Et c'est à ce moment là qu'il y a eu une défaillance technico-humaine dont les conséquences visibles étaient en train de se dérouler sous mes yeux.
À sa question :
- Je mets quoi comme heure de début pour les événements ?
Je le regrette beaucoup mais je m'entends encore lui répondre :
- euh , je sais pas, c'est pas noté. Attends, tu sais quoi? On s'en fout, on met 20h partout.
Aïe ...
Aïe ...
Aïe ...
Trois fois aïe.
J'avais diffusé une information, sans savoir, juste pour remplir une case.
La honte ...
(note pour moi-même : Ne jamais bosser pour l'AFP, je serais capable d'inventer des dépêches juste pour partir plus tôt).
J'ai ainsi compris ce soir là l'importance et l'impact qu'avait facebook à notre époque, et qu'il faudrait désormais utiliser cet outil le plus consciencieusement possible sans diffuser d'infos quand, visiblement, je ne les avais pas.
J'étais très embêtée.
Je me suis excusée.
Ils m'ont pardonnée.
Je crois.
À 21h30, donc, contrairement à ce qui était annoncé sur facebook, Nous avons commencé à jouer.
Et de mémoire de tournée laboratoire, je pense pouvoir affirmer que ce concert fut celui où nous avons rencontré le plus de problèmes techniques mais c'est également celui où, curieusement, on a le plus rigolé.
Ça a probablement un lien de cause à effet mais je ne sais pas vraiment comment l'expliquer.
Après le concert un ado est venu voir Morvan (oui, il y avait un ado dans la salle) et lui a dit :
- ah c'était bien avec toutes vos pédales !
(Oui, l'ado vouvoie Morvan).
Un crêpier Normand était là également. Il n'avait pas vu le concert car il faisait son service pendant qu'on jouait, mais nous avons discuté quand même .
Il m'a dit :
- Moi, j'adore une chanteuse, comment elle s'appelle déjà...? je suis sûr que vous la connaissez .
Silence
- Mais si, elle joue de la guitare ... Barbara quelque chose.
Silence de nouveau
Il se tourne vers sa femme.
- c'est comment la chanteuse ?
Silence de sa femme qui, visiblement, n'a aucune idée de qui il parle.
- Mais si ... Elle est brune .... Barbara .... Euh ... Ah, c'est quoi son nom, à cette chanteuse très grande ? Je crois que c'est Barbara La Grande ou la Grande Barbara, je sais plus.
- ah ... vous voulez parler de la grande Sophie ?
- ah oui c'est ça ! J'adore la grande Sophie.
Comme il était sympa et qu'il n'avait pas vu le concert, on a rejoué une chanson rien que pour lui. On lui a joué " Sauvage". Il était tard et il était content. On a ensuite rangé nos affaires.
Une fois le rangement terminé, Marie "de La Motte" (que je vais peut être enfin réussir à appeler Marie de La Classe, si j'arrive un jour à tourner cette maudite page) m'a dit :
- N'oublie pas ton sac à main.
Mais le sac qu'elle me montrait, ce n'était pas le mien, puisque j'avais mon sac dans mes mains, ce n'était pas le sien non plus, puisqu'elle croyait que c'était le mien, ce n'était pas celui de Morvan car il n'en a pas et ce n'était pas non plus celui d'Hugo pour les mêmes raisons que celles précédemment citées concernant Morvan.
Ce sac n'était à aucun d'entre nous.
Il était donc plus qu'évident qu'il appartenait à quelqu'un du public.
Mais à quelqu'un du public qui était parti sans, apparemment.
En regardant à l'intérieur (sans fouiller, je le jure), on s'est rendu compte qu'il appartenait à une des personnes du groupe qui était arrivé hyper tôt.
Une fille, donc.
La pauvre, quelle soirée pourrie avait-elle dû passer là. Non seulement elle a attendu pendant une heure et demie que le concert commence parce que j'avais mis n'importe quoi dans la rubrique heure de début sur Facebook, elle a ensuite assisté à une farandole de problèmes techniques à base de corde de guitare qui pète et de bandes son qui démarrent pas et, pour finir, elle laisse son sac à main dans le bar avec portefeuille, clés et téléphone !
J'étais vraiment désolée pour elle.
J'espère qu'elle a, depuis, récupéré la totalité de ses items.
(si d'ailleurs, elle lit ce post, je veux bien qu'elle me donne de ses nouvelles).
Et puis nous sommes allés dormir. Chez Marie et Hugo.
C'était un petit peu comme aller dormir chez quelqu'un de notre famille, car on parlait beaucoup du passé.
Sur ma montre, il était trois heures, mais, en fait, il n'était que deux heures car c'était le week end du changement d'heure. C'était toujours ça de gagné.
Le lendemain, à 8h30, nous étions dans la voiture. On n'avait pas beaucoup dormi mais on était contents parce que c'était les vacances scolaires et que c'était le début de notre semaine avec nos enfants respectifs. Et il faut bien admettre qu'entre la tournée Martiniquaise et les concerts laboratoire à droite et à gauche, on ne les avait pas beaucoup vus ces derniers temps. Et ça nous manquait. On imaginait qu'on leur manquait à eux aussi mais ça, ce n'était pas sûr du tout.
À bientôt pour la suite des comptes rendus, Nantes et Pantin sont en cours de rédaction.
Je vous embrasse, Morvan non, il n'est pas dispo, il fait un drive.
Liz
Ps : je ne connais malheureusement pas l'auteur des photos ci-joint, s'il souhaite que je le crédite, car c'est son droit le plus stricte, qu'il se manifeste ici même et je le ferai avec joie. Une grande joie.