La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.
27 Janvier 2018
Ce n'était pas prévu dans la tournée laboratoire, mais le week-end dernier après le concert à Sancerre, nous avons été invités à nous arrêter jouer les nouvelles chansons aux Cœurs, à Autry-Le-Châtel.
Un lieu qui s'appelle Les Cœurs, j'aurais dû me douter que le mien allait être touché.
Mais j'y reviendrai plus tard.
Comme le principe de cette tournée laboratoire c'est l'expérimentation, la recherche, le test, la réflexion avant la vraie, la grosse, la supra-tournée, j'implique beaucoup le public dans mon travail de recherche, je discute beaucoup avec eux et je suis très attentive à leurs commentaires et autres bilans d'après spectacle.
Alors, en vrac, dans cette petite salle du Loiret, une femme m'a dit que je lui faisais penser à Claire Diterzi. Ça m'a fait très plaisir. Cette chanteuse est un de mes modèles.
Un homme m'a dit qu'il n'avait pas compris toutes les paroles et qu'il avait trouvé que le son était un peu sourd.
Ensuite il m'a demandé :
- quand est-ce qu'on va pouvoir acheter votre disque ?
- il sort en mars .
- ah, il sort mardi !
- non, il sort en mars.
Du coup, je me suis dit que ce n'était pas forcément le son qui était un peu sourd.
Un autre homme m'a dit que je devrais écrire un opéra. Bah, pourquoi pas.
J'avais eu cette idée il y a quelques temps mais je ne l'avais pas concrétisée. Je lui ai promis d'y réfléchir sérieusement.
Un homme m'a dit que je devrais parler plus entre les chansons. Un autre m'a dit que je devrais parler moins entre les chansons.
Du coup, je ne sais pas trop quoi faire.
Un homme a dit de Morvan qu'il avait une gestuelle à la Keith Richards. Je pense que c'était un compliment.
Et puis les gens chez qui nous avons dormi la veille étaient là eux aussi. (je les remercie bien fort au passage ...).
Au moment de leur départ, Morvan leur a dit : "à bientôt".
Et la femme s'est mise à pleurer.
Atteinte d'un cancer, elle nous a dit, qu'elle ne devrait même plus être encore de ce monde et que désormais, quand elle disait "à bientôt" à quelqu'un, elle n'était jamais vraiment sûre de revoir cette personne.
Et là, dans le hall, quand on lui a dit à bientôt, ça l'a fait pleurer .
Et là, dans le hall, ça m'a fait pleurer aussi.
J'ai pleuré parce que c'est dur.
J'ai pleuré parce que c'est vrai.
Et puis, on a rangé nos affaires, on a bien remercié tout le monde et puis on est partis avec ces nouveaux moments partagés dans nos bagages.
Au péage, Nicolas a demandé un sprite et un cacolac.
Il n'en a pas eu mais ça m'a quand même fait rire. Et je me suis dit que j'étais chanceuse d'être entourée par quelqu'un qui met de la joie en toute chose et à tout instant.
En rentrant avec Morvan nous nous sommes tournés vers l'avenir. Il m'a fait remarquer que cette semaine nous jouerions 4 fois, dans deux hémisphères différents, 4 endroits pour vous rencontrer, 4 raisons d'être à nouveau touchée en plein cœur.
Je vous embrasse,
Liz