La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.
22 Mars 2019
Ce matin à 10h10, Morvan m’a appelée.
J’étais surprise de ce coup de fil car il était censé, à ce moment précis, être en studio avec un autre chanteur, ce qui a le don de m’énerver énormément, mais ça vous le savez déjà.
J’ai décroché en me disant qu’il s’agissait sans doute d’une urgence.
Et j’avais raison.
J’ai à peine eu le temps de lui dire bonjour qu’il a hurlé dans le téléphone :
- Arrête tout de suite ce que tu es en train de faire et va sur le site de l’Olympia !"
Allons bon, qu’est ce que c’était encore que cette fantaisie militaire.
En fait le site de l’Olympia venait de mettre en vente, et ce depuis depuis 10 bonnes minutes, les places pour le concert des « Raconteurs » le 26 Mai prochain, et perdu dans la campagne profonde du studio dans lequel il était et auquel je n’avais pas le moindre accès puisque ne faisant pas partie de ce projet (ce qui …. enfin bref ….), il avait une très mauvaise connection internet et ne parvenait pas à acheter les places qu’il convoitait tant.
Il m’avait en effet parlé de ce concert depuis quelques temps et m’avait prévenu qu’il faudrait être vraiment au taquet le jour J de la mise en vente pour être sûr d’avoir des places.
Comme j’ai une mémoire sélective, je ne me rappelais plus que le jour J était aujourd’hui.
Mais lui s’en rappelait très bien.
Cette irruption dans ma matinée dédiée à l’adaptation en français d’une chanson d’Amy Winehouse pour un futur projet ne m’arrangeait guère, mais connaissant la passion de Morvan pour les Raconteurs, et connaissant ma propre passion pour Morvan, il fallait que je fasse quelque chose tout de suite car les places de concerts disparaissaient les unes après les autres à une vitesse grand V et je me devais de venir à son secours, lui qui était si souvent venu au mien.
À 10h14, j’étais sur le site de l’Olympia.
Dans la catégorie « Raconteurs », je cliquai sur « Réserver ».
Message d’erreur (la 305, je ne sais pas ce que c’est).
Je recommençai.
Toujours un message d’erreur.
Ohlala ….
Notre présence à ce concert commençait à être sérieusement compromise.
Je retentai plusieurs fois l’expérience mais ce message d’erreur apparaissait toujours.
A 10h19, alors que je commençais à me résigner, le message d’erreur disparut et je pus enfin accéder à la page de la billetterie.
Je voyais avec horreur tous les sièges qui étaient déjà réservés mais je finis par réussir à cliquer sur une des dernières places disponibles restantes au dernier rang du deuxième balcon. Autant dire que c’était une place de choix !
J’avais eu cette place.
Hourra !
J’essayai à présent d’en trouver une autre de disponible, n’importe où, mais c’était déjà trop tard.
La totalité des places venait d’être réservée en une vingtaine de minutes.
C’était la déconfiture.
C’était Waterloo, c’était l’Ohio.
Ou un état proche.
J’appelai Morvan pour lui annoncer, que j’avais réussi à mettre une place dans mon panier, mais que malheureusement, il n’était pas possible d’en mettre une supplémentaire.
Un drame.
Les questions étaient désormais :
- Est ce que j’achète cette place et on essaie d’en trouver une autre sur le marché « noir c’est noir » sachant que ceci allait certainement être hors de prix ?
- Est ce que j’achète cette place et il va au concert sans moi ce qui est certainement hors de question ?
- Est ce qu’on est solidaire : je n’achète pas cette place et personne ne va au concert ? (Enfin ….personne …. Sauf les 2824 personnes qui ont réussi à avoir des places …)
On a choisi la solidarité qui est la base de notre fonctionnement depuis de nombreuses années maintenant. (Ça et l’acceptation de l’autre et de ses goûts et ceci dans 90 % des cas).
Mais on était dégoutés.
Bien dégoûtés.
Enfin, surtout lui.
Pour rire, j’ai voulu lui dire que j’avais quand même réussi à réserver des places pour Zazie, qui joue également à l’Olympia.
Mais je n’ai rien dit. Je me suis abstenue de cette blague, car je sentais bien qu’il n’avait pas, en cet instant précis, le cœur à l’humour, aussi drôle soit il.
Il était vraiment dépité.
Nous avons raccroché et je suis retournée travailler avec Amy (malgré son décès) sur mon projet secret.
Deux heures sont passées.
Mon adaptation avançait bien quand je reçus de nouveau un coup de fil de Morvan.
Je me disais que son rythme de travail aujourd’hui en studio n’était vraiment pas très conséquent vu qu’il passait quand même pas mal de temps sur internet et à me téléphoner.
Mais ceci ne me regardait pas puisque je n’étais pas impliquée dans cette production…..pffffff…..
Il me dit :
- Je te skype dans 30 Minutes, j’ai un truc à te montrer.
J’ai dit ok.
Mais je me suis dit, quand même, il m’appelle pour me dire qu’il va me skyper.
C’est un peu n’importe quoi.
Est ce qu’il ne pourrait pas avant toute chose, m’envoyer un texto qui me dirait « attention, je vais t’appeler pour te dire que je vais te skyper» .
Ça se fait non ?
Enfin, toujours est-il, que 30 minutes plus tard mon skype sonna et il me dit :
- Regarde !
J’aime pas l’injonction, mais j’ai regardé quand même son partage d’écran.
Je vis alors un message d’anniversaire lui étant adressé.
Il venait de recevoir par mail, en cadeau d’anniversaire (en avance), deux places pour aller voir les Raconteurs à l’Olympia le 26 Mai prochain.
Alors, là, je suis tombé de ma chaise en Formica.
On allait assister à ce concert !
Morvan ne s’en remettait pas non plus.
(Et moi, je ne me remets toujours pas qu’il ait lui aussi des chaises en Formica, mais ça n’a rien à voir avec notre préoccupation actuelle).
Je ne vous dirai pas qui a eu la merveilleuse idée et qui a réussi le tour de force d’obtenir ces deux places qui ont tant comblé Morvan ce matin car j’ai envie de respecter son anonymat sur cette plateforme mais je conclurai brièvement par cette maxime entendue je ne sais où, qui colle parfaitement à la situation d’aujourd’hui :
« La plupart du temps, on a les enfants qu’on mérite ».
Je n'en dirai pas plus, je vous embrasse et je retourne auprès d’Amy car un nouveau projet, aussi secret soit-il, ça n'avance pas tout seul.
Liz
Ps : Après avoir lu ce texte pour validation, Morvan m’a dit :
- Tu racontes bien les histoires, tu mériterais de faire partie des Raconteurs.