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La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.

LE BLOG DE LISE PRAT-CHERHAL

Le troisième concert de 28Saphyr

Crédit photo : François Guillement

Crédit photo : François Guillement

Ainsi 28Spahyr a joué pour la troisième fois non consécutive.

 

Ce concert eu lieu au Théâtre Thénardier de Montreuil.

 

Nous partagions ce soir-là la scène avec le chanteur et néanmoins ami et néanmoins écrivain Nicolas Jaillet.

Il était à l’origine de l’existence de ce concert et avait géré la quasi totalité de l’organisation de la dite soirée.

Il avait décidé qu’il jouerait en premier accompagné de son batteur, et que nous 28Saphyr jouerions ensuite.

 

Habituellement, ce sont plutôt les « têtes d’affiche » qui choisissent les « premières parties », mais ce soir là, c’était la « première partie » qui avait choisi sa « tête d’affiche ».

C’était le monde à l’envers, mais ce n’était pas bien grave car bien souvent dans ce monde à l’envers, moi-même, je ne tourne pas bien rond.

(Ce qui, l’un dans l’autre me permet parfois d’aller tout droit, et ce n’est pas négligeable).

 

Quand nous sommes arrivés à Montreuil, je suis montée dans la loge du Théâtre Thénardier dans le but de changer de tee-shirt.

En ôtant mon tee-shirt qui avait vécu sur mon corps un temps supérieur à ce qu’il est normal de faire vivre à un tee-shirt sur une peau normale à mixte, je vis avec horreur et désespoir dans le miroir que le pityriasis rosé de Gibert qui était apparu sur mon ventre la semaine précédente n’avait pas complètement disparu.

 

Un pityriasis rosé de Gibert ce sont des petites taches rosâtres et pelantes causées par un virus ou une somatisation excessive.

(Je vous laisse, ou pas, aller consulter la page wikipédia correspondant à cette affection si vous avez un peu de temps devant vous et que vous n’avez pas peur de voir de très belles photos).

 

Je suis victime de ce mal de temps en temps.

Je l’ai désormais accepté.

Cette fois-ci, ce pityriasis rosé de Gibert était apparu parce que nous revenions tout juste d’une semaine de vacances en famille recomposée en Normandie et que ceci m’avait causé stress et colères en tous genres.

 

Probablement à cause d’une enchaînement de causes à effets allant du mauvais temps à la taille restreinte de notre logement vacatif en passant par la consommation excessive d’écrans des enfants à mon goût, j’avais eu très envie de buter tout le monde et moi la première (contrairement à Xavier Dupont de Ligonnes).

 

Et même si, ce soir-là, dans la loge du Théâtre Thénardier, mes colères étaient redescendues et la plus grande partie de mon ventre avait retrouvé un état proche de la normalité, il me restait quand même des reliques rosâtres des vacances de-ci de-là.

Et cela ne m’arrangeait guère car depuis le dernier concert de 28saphyr qui était également le deuxième concert de 28saphyr, j’avais pris l’habitude en chantant de montrer sans vergogne et retenue cette partie de mon anatomie.

Bon, il me faudrait faire avec cette donnée.

Ce n’était pas bien grave, cela n’allait absolument pas m’empêcher de chanter nos paroles suggestives tout en levant les mains au ciel et en prenant des postures comme celle du chien tête en bas.

 

J’ai donc changé de tee-shirt en me disant qu’un jour prochain, mes colères et mon stress sortiraient sûrement par ma bouche plutôt que sur mon ventre et nous sommes descendus faire notre balance.

 

Pendant notre balance, mon ami écrivain et néanmoins chanteur Nicolas Jaillet est arrivé.

 

Il avait sur son dos sa guitare et tenait dans sa main droite un énorme sac de chez MUJI.

(Muji, le magasins d’objets à qui je fais régulièrement des dons conséquents en échange d’objets).

Il tenait donc dans sa main un énorme sac de course.

Et quand je dis « énorme », c’était vraiment énorme. Je n’avais jamais vu un sac de shopping en plastique aussi gros !

J’avais déjà vu des sacs énormes, sur des chantiers par exemple, vous savez, les sacs dans lesquels les ouvriers mettent des cailloux, des gravats, des petites briques, des pavés…. Des sacs comme ça, j’en avais déjà vus plein. Et j’aime bien en voir d’ailleurs.

 

Mais là, ce n’était pas un sac de chantier, c’était un sac pour faire des courses et un gros sac comme ça pour faire des courses, je n’en avais jamais vu.

 

J’étais vraiment hyper intriguée par ce gros sac. Je me demandais bien ce qu’il pouvait y avoir à l’intérieur…

 

J’ai donc interrompu notre balance pour crever le mystère.

 

J’ai dit à Nicolas :

- Salut, tu as quoi dans ton gros sac ?

Il m’a répondu :

- J’ai la batterie de mon batteur.

 

Alors ça par exemple, il transportait la batterie de son batteur dans son gros sac.

Je n’avais jamais vu ça.

 

Et comme je ne voyais pas de batteur avec lui, je lui ai demandé :

- Et il est où ton batteur ?

Il m’a répondu :

- Mon batteur attend sa baby-sitter.

 

Cette phrase rimait mais dans l’état des choses où nous nous trouvions à ce moment là, ça ne servait à rien qu’elle rime.

Alors je suis retournée participer à la balance de 28Saphyr, car dans 28Saphyr, quand je quitte la balance, c’est la moitié du groupe qui quitte la balance.

 

Nous avons alors fini notre balance et Nicolas Jaillet a fait la sienne.

 

Pendant sa balance, avec Morvan, nous sommes allés dans le hall de la salle.

 

Sur le guichet était posé la liste des personnes qui avaient réservé pour le soir.

Ce document ne nous regardait pas, mais comme personne ne nous regardait, nous le regardâmes.

 

Et là, surprise !

 

Parmi les différents noms composant cette liste, se trouvait le nom d’un copain.

Un copain qu’on ne voit pas très souvent, un copain qui ne nous avait pas dit qu’il venait assister au concert et surtout un copain qui vit à plusieurs centaines de kilomètres de Montreuil.

 

Alors voir son prénom inscrit sur cette liste, c’était très surprenant et ça nous faisait énormément plaisir.

 

Ce copain, dont je tairai l’identité par respect pour sa vie privée, était, nous le savions, séparé de sa compagne depuis plusieurs mois.

 

Cette séparation nous avait d’ailleurs affecté Morvan et moi car, outre le fait que l’annonce nous avait énormément surpris tant les voir ensemble était le signe évident que l’amour existe bel et bien dans ce monde qui ne tourne pas rond, nous appréçiions cette femme et, imaginer qu’à la suite de leur séparation on ne la reverrait sans doute jamais, nous avait touché.

 

Toujours est il que ce soir-là, le dit copain venait assister au troisième concert de 28Saphyr et ceci nous faisait vraiment plaisir.

 

Mais l’agréable surprise de sa présence a vite été remplacée par l’étonnante surprise de voir qu’il avait réservé pour deux personnes.

Deux personnes ?

 

Mon dieu, si, alors qu’on le savait séparé de sa compagne, il avait réservé deux places pour le concert du soir, c’était forcément parce qu’il venait accompagné d’une nouvelle compagne ….

Je ne voyais pas d’autres alternatives.

 

Et la perspective de me retrouver face à la nouvelle compagne m’a plongé dans un malaise certain.

 

Car même si j’étais foncièrement contente pour lui qu’il soit de nouveau avec quelqu’un, j’ai tout de suite pensé très fort à son ancienne compagne que j’aimais beaucoup.

Et ça m’a fait de la peine. Parce que je suis sensible.

 

Le visage de son ancienne compagne s’est alors installé dans ma tête, et je savais qu’il allait y rester toute la soirée, même quand je serai en face de la nouvelle.

C’était un peu gênant pour la nouvelle, mais bon, comme tout ceci se passait exclusivement dans ma tête, personne n’en saurait jamais rien.

 

On allait donc, le soir même, rencontrer une nouvelle personne, une nouvelle personne qu’on ne connaissait pas et qui prendrait visuellement la place de l’ancienne.

 

Le temps passant, nous la reverrions pour des apéros, des repas et autres fêtes estivales.

Il fallait que je m’adapte très rapidement à cette situation pour laquelle je n’étais pas du tout préparée.

Tristesse et stress m’ont alors rejoint.

 

Mais comme il était 20h, j’ai laissé ma tristesse et Morvan dans le hall accueillir le copain et la mystérieuse inconnue à qui on dirait en souriant « on est ravis de te rencontrer » et je suis allée me préparer dans la loge avec mon stress.

 

Cette loge n’étant pas pourvue de lavabo, je suis tout de suite redescendue au rez-de-chaussée, avec ma brosse à dent pour aller au lavabo des toilettes des filles.

Les toilettes des filles n’étant pas pourvue de lavabo, je suis alors allée dans les toilettes des hommes.

Là, j’y ai trouvé Nicolas Jaillet.

Il était occupé à tourner dans tous les sens le robinet du lavabo tout en pestant qu’il ne fonctionnait pas.

En effet, l’eau ne sortait pas.

Ni la chaude, ni la froide.

Il n’y avait pas d’eau.

 

J’ai donc sorti ma phrase habituelle en pareil cas :

- Laisse-moi faire, je suis fille de plombier.

 

Et c’est vrai, je suis réellement la fille d’un plombier.

 

Ce que je dis plus rarement, c’est que je suis fille d’un plombier qui est malheureusement mort avant d’avoir pu me transmettre les rudiments de la plomberie.

 

C’est comme ça.

 

Ça ne m’empêche pas d’avoir toujours l’impression que de part ma filiation plombière, j’ai, même si je n’y connais pas grand chose, de réelles aptitudes pour résoudre des problèmes de lavabo ou de baignoire.

 

Mais revenons dans les toilettes des hommes.

Alors que nous étions tous les deux en train d’inspecter la robinetterie pour essayer de voir d’où venait le problème, j’entendis le sonorisateur de la salle qui m’appelait.

 

Je suis donc sortie des toilettes pour le rejoindre dans le couloir.

Apparemment, sur le plateau, du souffle était apparu sur ma ligne de voix et il voulait m’en faire part, soit pour qu’on règle le problème ensemble soit pour que je ne sois pas surprise au moment du concert.

Je lui emboitai donc le pas direction le plateau pour constater par moi même cet état de fait.

J’avais toujours ma brosse à dents à la main.

 

Sur le plateau, je ne pus que constater qu’effectivement il y avait du souffle sur ma ligne de voix.

Morvan le constata également.

Nous ne trouvâmes pas de solution au problème.

Ni le sonorisateur, ni Morvan, ni moi car je ne suis pas fille de sonorisateur.

 

Morvan est alors reparti dans le hall.

 

De mon coté, je suis repartie dans la loge avec ma brosse à dent et j’ai abandonné l’idée de faire un concert avec une haleine fraîche ce qui n’était pas très grave car je vous rappelle que 28Saphyr est un groupe de rock.

 

Un quart d’heure plus tard, le concert de Nicolas était sur le point de démarrer. J’ai alors quitté la loge pour rejoindre la salle.

Et juste avant de rentrer dans la salle, je tombe sur le copain séparé qui avait réservé pour deux personnes.

Mon dieu !

Mon sang n’a fait qu’un tour de rein.

 

Si le copain était devant moi, c’est que la nouvelle personne était tout proche.

C’était donc maintenant le changement, l’inconnu, l’imprévu.

Je n’allais pas y couper !

J’allais rencontrer la nouvelle personne.

Et je ne pouvais pas faire demi-tour.

 

J’ai pris une grande inspiration et là :

 

Choc thermique !!!!

 

La personne féminine qui était avec le copain dont je tais l’identité, ce n’était pas du tout une nouvelle personne mystérieuse comme je l’avais imaginée.

Non !

Pas du tout !!

Mais pas du tout !!!

Du tout !!!

La personne qui était avec lui c’était :

L’ancienne compagne !!!

Oui l’ancienne compagne !!

Celle de « l’amour existe bel et bien dans ce monde qui ne tourne pas rond ».

 

Je n’en croyais pas mes yeux !!!

 

Mais étaient-ils vraiment de nouveaux ensemble ????

Il fallait que j’en ai le cœur net et que j’en ai le cœur net tout de suite.

 

Avant même de leur dire bonjour, je leur ai demandé :

- Vous êtes un couple ?

 

Cette question était un peu abrupte, mais je n’ai pas pu faire autrement que la poser prestement.

Ils ont alors rigolé.

Et ça c’était très bon signe quand à la réponse que j’attendais.

Et ils m’ont finalement répondu : « oui » .

 

Il me semble qu’après ça, je leur ai dit bonjour et que tout est rentré dans l’ordre dans ma tête.

(Enfin, tout ce qui concernait ce dossier ...pour le reste .... bon .... bref ..... )

 

Mais quel soulagement !!!!

 

Plus de changements, plus d’inconnu, plus d’imprévus.

Cette nouvelle était vraiment une excellente nouvelle.

 

Je suis alors allée assister au concert de mon ami-écrivain et néanmoins chanteur dans la détente…

 

Et puis vers 21h30, 28Saphyr a joué pour la troisième fois non consécutive … et comme lors du deuxième concert non consécutif à Rezé, on a eu très très chaud. Mais vraiment très très chaud. 

 

Pendant ce concert, l’idée d’écrire un nouveau morceau qui s’intitulerait « J’ai chaud » m’a traversé l’esprit dans un sens puis dans l’autre.

 

Alors, à la suite de ce concert, avec Morvan, on a écrit et composé ce nouveau morceau.

Si tu veux découvrir « J’ai chaud » avant tout le monde, viens nous voir samedi à Nantes avec des nouvelles ou des anciennes compagnes.

Il va y faire très chaud.

 

A samedi,

 

Liz.

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