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La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.

LE BLOG DE LISE PRAT-CHERHAL

Nous avons joué au Resto Des Isles

Nous avons joué au Resto Des Isles

Ce jour là, nous jouions 28Saphyr à Rezé dans un resto nommé le « Resto des Isles ».

Nous avions le midi même déjeuné avec notre manager ainsi qu’avec un potentiel futur producteur.

Nous avions tous les 4, en mangeant des pennes au pesto, élaboré une stratégie de développement dont l’efficacité allait être digne des meilleurs maladies sexuellement transmissibles.

 

Nous repartions de ce déjeuner un peu plus gros qu’au départ, mais nous étions heureux et confiants.

Et surtout nous repartions avec une liste de choses à faire comme je les aime : précise et exhaustive.

 

Nous avions déjà trouvé un nouveau tourneur pour 28Saphyr qui allait j’espère nous faire tourner, et pas en bourrique, comme le précédent tourneur.

Ce dossier était donc réglé.

L’étape suivante pour nous était de trouver un réalisateur musical pour sublimer les trois premiers titres de 28Saphyr qui sortiraient au cours de l’année prochaine.

(Maman, le réalisateur c’est celui qui prend nos morceaux alors qu’on a déjà fait les paroles et la musique et qui chamboule tout, rajoute des instruments, enlève des bouts musicaux inutiles, en rajoute d’autres et fait que le morceau est beaucoup mieux après son passage qu’avant).

 

Morvan voulait trouver un réalisateur qui venait du monde de l’électro.

 

De l’électro, du dépôt ou d’électro-dépot, moi, tout me convenait. Je n’ai pas d’apriori.

 

Pour faire avancer ce dossier à ma manière, arrivé à l’appartement, j’ai tapé sur google « réalisateur musique électro ».

Curieusement, ça n’a rien donné de vraiment interessant à part une définition de la musique électronique sur Wikipédia et des articles sur des musiciens électro morts, qui, de fait, ne pourraient pas réaliser nos titres.

Mes recherches ne servaient donc à rien.

 

J’ai donc mis sur le dossier « trouver un réalisateur » une personne compétente, à savoir Morvan, qui a passé l’après midi à écouter sur Deezer des albums de musiciens spécialisés en électro qui pourraient potentiellement répondre à notre cahier des charges.

 

Je suis allée réfléchir dans le canapé en fermant un peu les yeux et pendant ce temps, Morvan a trouvé.

 

Mais comme il était 17h, on a tout laissé en plan et on est partis aux Resto des Isles.

 

Avant de rejoindre ce lieu de concert, nous nous sommes arrêtés dans notre local de répétition pour y prendre la sono.

Alors que nous étions en train de charger la dite sono, nous croisâmes Guy, notre colocataire de lieu de travail.

 

Pour ceux qui ne le savent pas, Guy travaille juste au-dessus de notre local de répétition et est, de fait, toujours aux premières loges de nos créations.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Guy, je vous renvoie à l’épisode « la première répétition de 28Saphyr » (http://lizcherhal.over-blog.com/2019/06/28saphyr-la-premiere-repetition.html) . Vous ne saurez pas tout de nos relations, mais vous en saurez plus.

 

Je demandai alors à Guy s’il comptait venir au concert du soir qui avait lieu à environ 500 mètres du lieu où nous étions actuellement.

Il me répondit la chose suivante :

- Je vais essayer de venir.

 

« Je vais essayer de venir »

Allons bon.

 

Je ne suis pas encore parvenue à comprendre parfaitement l’être humain dans toute sa complexité, mais à force de vous observer et de vous écouter, j’ai appris une chose : quand on dit à quelqu’un « je vais essayer de venir », ça veut souvent dire « je ne vais pas venir, mais je n’ose pas te le dire ».

 

J’en ai donc déduit que Guy ne viendrait pas ce soir.

 

J’étais déçue, mais je le comprenais. Il avait passé la semaine à bosser au dessus de nous qui étions également à bosser en dessous de lui (mais pas en dessous de tout).

Il connaissait donc par cœur le répertoire de 28Saphyr et avait probablement, ce soir là, besoin d’une pause.

C’était comme ça.

Il me fallait l’accepter.

Le matériel chargé, nous montâmes  dans la Prat-Mobile qui démarra au quart de tour.

Le trajet prit fin une minute plus tard.

 

Arrivés sur notre lieu de villégiature de la soirée, nous installâmes notre sono.

Nouvellement acquise, cette sono nous permet d'avoir désormais une autonomie sonore totale, et nous donne la possibilité d’aller jouer dans des endroits complètement insolites et non équipés de matériel de son comme, il y a un mois, une chapelle.

 

Malheureusement, l’autonomie totale que nous confère ce matériel de haute qualité contribue également à faire augmenter la courbe du chômage chez les sonorisateurs.

J’en suis a priori désolée mais comme je fais désormais du rock, en réalité, je m’en fous complètement.

 

Notre balance finie, nous avons mangé des frites et du sauté de veau. Ça, c’est pas rock  mais c’est pas grave.

 

Et puis des gens ont commencé à arriver.

Au début un peu, puis plus, puis plus, puis encore plus.

 

Et tout à coup, dans la foule, je n’en ai pas cru mes yeux.

Il était venu !

Guy était là !

Et sa présence à elle seule remettait totalement en cause ma théorie du « je dis que je vais essayer de venir quand je sais pertinemment que je ne vais pas venir», théorie que j’avais élaborée depuis plusieurs années.

Je lui dit :

- Mais Guy, qu’est ce que tu fais là ?

Il me dit :

- Mais je t'avais dit que j’allais essayer de venir.

Je lui dit :

- Bah oui, mais comme tu as dit que tu allais essayer de venir, moi, je me suis dit que tu n’allais pas venir.

 

Il m’a regardé et m’a dit qu’il allait maintenant essayer de trouver une table pour s’asseoir et manger. Et il l'a fait. 

 

J’étais contente que Guy soit là même si sa présence rendait ma théorie caduque.

Mais ceci n’était pas grave. Je ferai un avenant à ma théorie. Mais pas tout de suite car je devais me préparer pour faire un concert.

 

Revenons-y d’ailleurs.

 

A force de faire rentrer des êtres humains dans ce lieu exigu, la température a vite atteint les 35 degrés mais ce n’était rien à côté de la chaleur que nous allions atteindre pendant le show à proprement parlé.

 

Car, quand je repense à ce concert, la première chose qui me revient en mémoire c’est vraiment la chaleur fulgurante que nous avons dégagée tous ensemble.

Un truc incroyable.

En 15 ans de tournée, je n’avais jamais vécu ça.

Mais c’est probablement parce que j’avais tourné 15 ans en centre culturel.

 

Morvan et moi dégoulinions, je l’épongeais régulièrement avec les serviettes de table qui étaient à ma portée et je m’épongeais moi-même !

Des mèches de cheveux se collaient sur mon visage en sueur et venaient dans mes yeux.

C’était assez dégoûtant mais c'était rock. 

A la vue de ma difficulté, ma coach de danse et néanmoins future collègue et néanmoins amie Julie qui était au premier rang me tendit une élastique ou un élastique (je n'ai jamais su) pour que j’attache mes cheveux.

Elle m’a sauvée car les cheveux attachés, ma température corporelle a baissé de quelques degrés ce qui a fait redescendre un peu mon rythme cardiaque et a ainsi allongé mon espérance de vie. 

 

Le public était écarlate et buvait de plus belle alors que nous enchaînions nos tubes.

Guy chantait avec nous. Il était d’ailleurs le seul à pouvoir le faire ce soir-là car il était le seul à connaître toutes nos chansons.

Les autres personnes présentes entendaient ces titres pour la toute première fois, toute toute toute première fois.

 

A mi-course : drame !

 

Alors que nous finissions le titre « Moi j’écoute pas chanter les assassins » qui est le titre le plus long de notre répertoire avec une durée de 6’57 min quand je m’en tiens exclusivement au texte de la chanson, à la fin de ce titre, disais-je, le moteur de la tireuse à bière du bar décéda.

Oui, vous m’avez bien lue.

Sous la trop forte chaleur ou la trop forte demande de pression, ou la trop forte pression de la demande, la tireuse à bière se mit hors d’état de nous servir.

Une catastrophe.

Car s’il y a bien un truc plaisant à faire lors d’un concert de 28Saphyr, c’est d’être debout (en sueur) à danser devant nous avec une bière à la main. C’est ça les concerts de 28Saphyr.

C’était donc catastrophique.

 

Mais contre toute attente, la soirée  a continué sur sa lancée …

A la différence près que notre manager buvait de la limonade.

 

Au bout d’une heure et quart de show où nous avons pu constater qu’introduire nos covers par des jingles « Instant Cover » était une excellente idée puisque tout le monde chantait et faisait la chorégraphie avec les bras, nous avons conclu.

Bien évidemment, il a fallu refaire un titre, c’est la tradition que l’on soit dans un centre culturel ou un café concert.

Et même si Morvan et moi-même étions proche de l’état liquide à ce moment-là, nous acceptions de retourner au fourneau avec joie car nous avions très envie de poursuivre encore un peu cette folle communion avec les personnes qui étaient devant nous dans un état relativement décadent. 

 

Nous refîmes le titre « Nus ».

Par professionnalisme et pour donner une chance à la totalité des personnes présentes dans ce lieu de m’apercevoir, j’ai démarré ce titre debout sur une chaise en faisant tourner ma propre chemise au dessus de ma tête.

Simple professionnalisme.

J’avais beau être dénudée, j’avais quand même très chaud.

Morvan rigolait mais il me révéla plus tard avoir eu peur à ce moment là que je ne tombe de la dite chaise sous le poids de mon grand professionnalisme.

 

Et puis, le morceau terminé, nous avons conclu pour de bon cette fois.

 

J’étais dans un état proche de l’Ohio, mais je suis quand même allée discuter avec les gens qui avaient envie de discuter avec moi.

 

On m’a alors dit en vrac :

- T’es une rockeuse qui s’ignore.

- Vous êtes les nouveaux Rita Mitsouko

- C’est trash dis donc !

- Vous auriez pu mettre encore plus fort, je suis un peu sourd.

- Y a toujours pas de bière .

- Un texte comme ça, c’est sûr, ça va créer des polémiques.

- Vous me faites penser à Niagara .

- C’est marrant ce côté années 80 !

- Tu peux me rendre mon élastique? Mais non, je déconne, tu peux la garder.

- Il est mortel le deuxième morceau.

- C'est à vous la camionnette noire ? 

 

Mon manager ajouta :

- Ce qu’il ne faudrait pas, c’est que Morvan et toi, vous vous sépariez.

Il avait raison.

Mais à priori, se séparer ne faisait pas partie de nos projets immédiats car si on se séparait on perdrait très gros, voir très très gros, l’un comme l’autre. Et surtout l’un de l’autre.

 

Et puis nous avons tout remballé. Quand nous avons rejoint notre camionnette noire autrement appelée "Prat-Mobile", nous nous rendîmes compte que pendant notre concert, son aile droite avait été complètement défoncée. Mais c’était normal, c’était sans doute lié au fait que désormais on faisait du rock.

 

Et du rock on va en faire samedi soir à Montreuil.

Mais j’espère que ceci ne vous donnera pas l’idée de venir défoncer notre aile gauche.

Rendez-vous samedi 26 Octobre à 20h30 au Théatre Thénardier.

Venez très nombreux, comme ça il fera très chaud, et je ferai tourner ma chemise au dessus de ma tête !!!

 

Et pour les Nantais, on remet ça au Petit Baigneur le 16 Novembre ! Venez en masse qu’on fasse couler la péniche !!

 

Je vous embrasse, Morvan non, il n’est pas dispo, il a un truc à régler avec son assurance.

 

Liz

 

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