Ce matin, à 7h30 dans les rues de Rezé, j’ai été suivie, puis hélée, puis importunée, puis effrayée.
Par qui ?
Par un homme, vous vous en doutiez.
Ce matin, j’ai eu peur, parce qu’à 7h30, ce dimanche, dans cette rue de Rezé, il n’y avait personne.
Personne d’autre que moi et cette personne qui m’a suivie, hélée, importunée et effrayée.
Pourtant, il y a quelque temps, alors qu’également et peu élégamment, j’avais été suivie, hélée, importunée et effrayée, je me l’étais promis, je m’étais dit «la prochaine fois que je serai suivie, hélée, importunée et effrayée, je ne baisserai pas la tête, je répondrai fièrement, j’affirmerai mon droit de marcher dans les rues de Rezé sans être suivie, hélée, importunée et effrayée.
C’était un beau projet.
Mais dans la réalité, ce n’est absolument pas ce qu'il s’est passé.
Dans la réalité, quand ce matin, cela m’est ré-arrivé, mon rythme cardiaque s’est accéléré, mon taux de cortisol a clairement augmenté. Je n’ai rien pu contrôler. Je me suis sentie telle une proie traquée, alors vite j’ai marché. Regardant droit devant et accélérant le plus discrètement pour ne pas énerver l’assaillant.
Lorsque je suis arrivée à l’endroit où je devais arriver, mon coeur était sur le point d’exploser.
Je me suis assise sur une chaise et puis j’ai pleuré.
Je me suis dit que j’en avais assez de vivre dans une société où on ne peut pas marcher, même le dimanche matin sans courir le risque d’être suivie, hélée, importunée et effrayée.
Partager cette histoire m’aide à la digérer même si au moment où j’écris prudemment ces lignes sur mon écran, mon rythme cardiaque n’est toujours pas retombé.
Mais je me le promets, la prochaine fois que je serai suivie, hélée, importunée et effrayée, je ne baisserai pas la tête, je répondrai fièrement, j’affirmerai mon droit de marcher dans les rues de Rezé sans être suivie, hélée, importunée et effrayée.
J’affirmerai mon droit.
Enfin, j’espère …
Enfin, je crois …