La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.
5 Octobre 2018
Hier matin, j’ai repris les entraînements de danse au 783.
J’ai donc enchainé durant deux heures des avancées de colonnes, des cloches et des lâchages de têtes.
A un moment j’ai dû pousser le mur qui, lui, n’a pas bougé, j’ai malaxé avec mes mains le parquet comme si c’était de la glaise, mais c’était toujours du parquet et, à un moment, j’ai dû être une flaque au sol.
Il n’y a que là-bas que je fais ce genre de choses.
Il n’y que là-bas qu’on peut faire ce genre de choses.
C’est pour ça que j’aime bien y aller même si j’ai bien failli mourir d’épuisement au moins 4 fois durant ces deux heures, mon hygiène de vie de ces dernières semaines étant somme toute assez réprochable même si je ne suis pas tout à fait sûre de l’existence effective du mot réprochable.
Cet état de décomposition avancée, d’ailleurs, devait se lire clairement sur mon visage car, à un moment, le chorégraphe qui dirigeait l’entraînement ce jour-là s’est mis en face de moi, a saisi mes épaules et m’a dit :
- Fait une cure de Magnésium !
Il avait raison, j’allais faire ça.
Ça allait surement me faire du bien, et au pire, ça ne me ferait rien mais comme ça, j’aurai participé un peu à l’économie de l’industrie pharmaceutique.
J’ai donc décidé de commencer cette cure le plus rapidement possible et de l’accompagner, pour une meilleure efficacité, par un arrêt total de toute boisson alcoolisée.
En quittant le studio de danse, le chorégraphe m’a redit :
- Magnésium !!!!
Je lui ai dit au revoir et je suis sortie.
Je suis allée directement à la pharmacie pour quérir le dit produit.
Puis j’ai rejoint Morvan pour déjeuner.
Il était chez lui, à son bureau, en train de faire des arrangements pour quelqu’un qui n’était pas moi et ça m’a énervé.
Heureusement, il avait préparé le repas.
Ça m’a adoucie.
En mangeant un morceau de poisson cru, je me suis dit qu’il n’avait pas passé beaucoup de temps à cuisiner.
Mais comme c’était bon, ce n’était pas grave.
Je lui ai alors dit :
- Morvan, j’arrête de boire jusqu’à nouvel ordre.
Il a hurlé :
- Quoi ?????? Jusqu’au nouvel an ??????
Il avait l’air dégouté.
Moi, j’étais dégoutée de voir que ses problèmes d’audition n’allaient pas mieux …
Je lui ai dit :
- Non, jusqu’à nouvel ordre.
- Ah ….
Il était rassuré.
A la fin du repas, je lui ai dit que ça n’avait rien à voir, mais que j’avais été contactée la veille par Coko, un copain chanteur de Béziers qui m’invitait à participer à un concert collectif.
Ce concert serait joué deux fois, il regrouperait 4 chanteuses, aurait lieu dans deux semaines et, si j’y allais, je devrais y chanter trois de mes nouvelles chansons en m’accompagnant moi même.
Morvan m’a regardé :
- En t’accompagnant toi même ?
- Oui
- Mais t’as pas fait ça depuis combien de temps ?
- Euh … 4 ou 5 ans, ou 6 ans, je sais plus.
- Et tu vas y aller ?
- Oui
- Mais tu vas faire quoi ?
- Je ne sais pas.
Et c’est vrai qu’à ce moment précis, je ne savais pas trop ce que j’allais pouvoir faire à ce concert collectif étant donné qu’à l’heure actuelle j’étais infoutue de jouer mes propres chansons, vu que j’avais toujours du monde autour de moi qui le faisait à ma place et qui le faisait très bien, ce qui me donnait tout le loisir en concert de chanter, danser et signer.
Mais j’avais dit que j’allais y aller à ce concert collectif.
Oh purée …. mais qu’est ce qu’il m’avait pris d’accepter ça ??!
J’aurais jamais dû ….
Qu’est ce que je vais faire ?
Clairement, je commençais à paniquer.
- Morvan ? Qu’est ce que je vais faire ?
Voyant ma déflagration interne, Morvan a pris le taureau par les cornes. Il m’a dit :
- Bon, on se calme, tu choisis trois chansons de L’Alliance, je te fais un arrangement simple à la guitare et je te les fais bosser.
Ah bah oui, se mettre au boulot, c’est une bonne idée pour calmer les crises de panique. Même si ça demande plus d’efforts que d'avaler un xanax.
J’ai donc choisi 3 de mes chansons : « J’aimais mieux quand c’était toi », « Volontaire » et « Tu respires ».
On a commencé par « J’aimais mieux ».
Il m’a dit :
- Bon, sur celle là, pas compliqué, tu vas faire des cocottes. Ok ?
J’ai pouffé en faisant la poule.
Il a souri par solidarité, mais j’ai bien senti que j’aurai mieux fait de ne pas faire cette blague puérile qui ne faisait pas du tout avancer le chantier …
(maman : une cocotte c’est une manière de jouer des notes à la guitare qui fait un peu « cot cot »).
Il m’a montré comment faire, en utilisant seulement deux doigts à la main gauche (l’index et l’auriculaire) pour que ce soit plus simple.
J’avais un peu de mal à faire ça, et en plus, je ne faisais pas bien comme il fallait.
Au lieu d’utiliser mon auriculaire, j’utilisais mon annulaire ce qui ne convenait pas à Morvan et me faisait mal aux doigts.
Il fallait vraiment que j’utilise le petit doigt pour arrêter de souffrir.
Morvan n’arrêtait pas de me le dire :
- Le petit doigt, le petit doigt !!!!!!
Ah oui, mince, le petit doigt.
C’est vrai qu’on a moins besoin d’écarter les doigts si on utilise le petit doigt.
Mais je n’y arrivais pas. Mon annulaire était comme en autonomie, il venait se poser sur mon manche alors que je ne lui avais rien demandé.
Et Morvan qui me répétait sans arrêt d’utiliser mon petit doigt.
Tout ça a commencé à m’énerver sérieusement et je lui ai dit :
- Si t’es pas content, t’as qu’à me scotcher l’annulaire au majeur comme ça, j’arrêterai de m’en servir.
Il m’a répondu :
- Bonne idée !
Et il m’a scotché les doigts.
Bam !
Comme ça.
J’ai trouvé ça un peu humiliant quand même, mais il faut bien avouer que cette technique était terriblement efficace.
Au bout d’une demie-heure, de « J’aimais mieux », je rendais cette chanson par les yeux mais j’arrivais à faire des cocottes sans faire la poule.
Ce qui était le but de départ.
Je vous laisse ici, Morvan, va me détacher les doigts et nous allons maintenant nous attaquer à une version guitare voix de « Volontaire ».
Je vous embrasse,
Liz