La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.
17 Juillet 2019
Puisqu’avec Morvan nous avions inventé 28Saphyr, ce nouveau groupe de rock au nom très mystérieux, il fallait maintenant s’activer pour lui donner une réalité effective.
Ainsi, un matin, nous avons convié Nicolas B, mon manager et ami historique, à une réunion professionnelle pour lui demander s’il accepterait par extension de qualités et utilisation indues de ses compétences, de devenir le manager de 28Saphyr, car c’est ce que nous voulions.
Il nous donna sa réponse très rapidement.
Je le soupçonne même de ne pas y avoir vraiment réfléchi.
Mais peu importe.
Je ne réfléchis pas toujours moi-même quand il me pose des questions.
Nous voulions une réponse positive de sa part, nous l’avons eue.
Il nous suivait !
Dans la foulée, on décida également qu’il co-écrirait quelques textes avec moi. Sa prolixité, même si je ne suis pas tout à fait sûre de l’existence de ce mot, nous permettrait de créer le répertoire de 28Saphyr à une vitesse proche de celle de la lumière ou apparentée.
Ce jour-là, nous établîmes tous les trois un plan d’action 28Saphyr en hiérarchisant les priorités pour atteindre un but précis.
Je prenais des notes sur mon bloc notes.
Nicolas les prenait dans son cahier.
Morvan n’en prenait pas.
On va dire qu’il notait dans sa tête.
Le premier dossier brûlant qui allait nécessiter l’organisation de différentes réunions et de réunions peu différentes finalement, était le dossier de la promotion du groupe.
Dans ce cas précis, entendons nous bien, la promotion du groupe n’a rien à voir avec le fait de vendre le groupe moins cher.
Non, pour être vendus moins cher, et de fait pour être payés moins cher, croyez moi, on n’a pas besoin de faire une réunion autour d’un dossier brûlant pour que ça ait lieu.
Ceci arrive en général tout seul, sans qu’on l’ait demandé à quiconque, ni à King-Kong, bien entendu.
Non, je vous le dis très clairement et très franchement, le dossier « promotion de 28Saphyr » n’est pas une opération à -20 %, c’est plutôt une suite d’actions réfléchies qui nous promeut, même si le mot « promeut » est un petit peu moche et résonne à mon oreille comme si nous étions un groupuscule qui revendiquerait le droit de dire « meuh», en signe de mécontentement, des pro-meuh, quoi.
Mais, vous en conviendrez, je m’égare ici un peu trop loin dans le champ des vaches.
Je sais qu’on vit une drôle d’époque, mais elle n’est pas suffisamment drôle pour voir débouler sur la place publique les pro-meuh.
Toujours est-il que, pour la promotion de 28Saphyr, il fallait faire ce qu’on appelle des « Photos de presse ».
Des photos du groupe, quoi.
En gros, des photos de nous-même.
C’était indispensable.
C’était indiscutable.
Mais, comme toujours, il fallait quand même en discuter et, de fait, organiser une réunion dont l’objet serait : les photos de presse.
D’ailleurs, je me permets une petite parenthèse à ce sujet :
On dit « des photos de presse » mais, franchement, on ferait bien mieux d’appeler ça des « photos d’internet », parce qu’il faut bien dire ce qui est, à notre époque, les photos de groupes, de chanteurs, ou de spectacles, sont beaucoup plus vouées à être diffusées sur internet que publiées dans la presse écrite.
C’est un fait.
Alors continuer d’appeler ça des photos de presse, je pense que c’est un mensonge que l’on se fait à nous même.
Mais bon, à priori, je ne suis pas venue sur terre pour révolutionner le vocabulaire utilisé dans monde de la promotion du spectacle et encore moins en être la police.
(Ce qui me fait penser que, quand les photos d’internet ou de presse seront faites, nous devrons choisir tous ensemble la police que nous utiliserons pour écrire 28Saphyr sur ces dites photos, mais ça, ça fera l’objet d’une autre discussion lors d’une autre réunion).
Bref, pour faire des photos de nous même, il nous fallait soit acheter une perche à selfie, soit recruter un photographe compétent et créatif.
Dans un soucis de ne pas faire monter encore plus la courbe du chômage puisque nous l’alimentons nous-même tous les mois étant intermittent du spectacle, nous choisîmes de recruter un photographe.
Nous choisîmes également de proposer à ce dit photographe de s’investir plus largement dans la création et dans le contenu artistique de 28Saphyr car, travailler en collaboration, c’est ce dont on avait envie.
Nous souhaitions proposer ce poste à François G.
Vous connaissez sûrement François G si vous êtes habitués à cette page.
Il est photographe et vidéaste. Il a réalisé tous mes clips (sauf un : « J’aimais mieux quand c’était toi ». Celui ci c’est Morvan P qui l’a réalisé et monté pendant que je dormais, car lui et moi, on n’est pas égaux face au sommeil, mais ce n’est pas le sujet de cet article, ce sera le sujet d’un article le jour où je serai devenue chroniqueuse à Santé Magazine, mais, à priori, vues mes perspectives professionnelles actuelles, ce n’est pas pour tout de suite).
Revenons au dossier photos de presse.
Il fallait que François G accepte de mettre sa créativité et son talent au service de 28Saphyr et surtout il fallait qu’il en ait le temps vu qu’il était à ce moment là très occupé à suivre avec sa caméra un homme sur son bateau à voile qui remontait la Loire à contre-courant.
On ne savait pas s’il allait accepter. On supposait que oui. Mais on n’était pas sûrs.
Comme j’ai lu « Les 4 accords Toltèques » l’année dernière, et que je m’y réfère régulièrement, je sais qu’il faut arrêter le plus possible de faire des suppositions.
Il fallait donc lui demander pour être fixés.
Nous avons alors échangé des mails groupés pour organiser une réunion chez François, dans sa cuisine.
Après quelques allers-retours de mails, un jour fut choisi.
Etaient présentsce jour-là :
- Morvan P (qui était dispo),
- Liz C ( à savoir moi-même)
- Nicolas B (manager et co-auteur)
- François G (potentiellement futur chef du pôle visuel 28Saphyr)
Nous lui exposâmes notre idée de groupe. Nous lui fîmes également écouter notre premier titre « Je ramasse, je mange ».
Ce titre raconte un réveil douloureux lors d’un lendemain de fête assez rock an’ roll, lorsque l’âge biologique du personnage principal (à savoir moi) est plus proche du chiffre 40 que du chiffre 20.
Il a aimé la chanson. Moi, j’ai pas aimé ce qu’était en train de devenir ma physiologie. Mais je n’y pouvais plus rien.
Nous lui avons aussi expliqué que nous aimerions que son investissement soit un peu plus large et plus créatif que la simple séance photo.
Qu’on avait besoin de sa patte, quoi !
Comme Nicolas B, François G n’a pas réfléchi longtemps.
Je me suis alors dit que j’étais vraiment entourée de personnes inconséquentes, de personnes qui prennent des décisions comme je prends des tasses de chicorée.
Des personnes qui me ressemblent, quoi.
Alors à la question, veux tu faire partie de 28Saphyr,
François a répondu :
- J’aime bosser avec des amis, alors je dis oui.
Nous étions donc amis.
Ça m’a fait plaisir.
Moi qui me pose toujours plein de questions sur le fonctionnement de l’amitié et des relations humaines en général, j’avais ici de quoi écrire un nouveau paragraphe dans mon bloc notes sur la capacité des êtres humains à transformer les relations professionnelles en relations amicales, ou sur la tendance dans le milieu du spectacle à travailler avec des gens avec qui on peut potentiellement faire des fêtes et parler de sa vie personnelle.
Le noyau dur de 28Saphyr (Morvan et moi) était désormais solidement entouré par Nicolas B et François G.
J’avais l’intuition personnelle que 28Saphyr allait marquer un tournant important dans notre vie professionnelle en général et dans ma carrière en particulier.
Ce projet est différent et tranche avec tout ce que j’ai pû faire jusqu’alors.
J’avais réellement la sensation qu’il y aurait un avant et un après 28Saphyr.
J’ai donc annoncé aux gars :
- Sachez qu’il y aura un avant et un après 28Saphyr.
Nicolas a alors dit :
- J’espère surtout qu’il y aura un pendant.
J’étais d’accord avec lui.
Ainsi, tous les quatre, dans la magnifique cuisine de François G, nous décidâmes de refaire couler un café et nous choisîmes aussi le dress-code pour les futures photos de presse.
Je porterai le blouson de cuir bordeaux que Morvan m’a offert pour Noël l’année dernière, et il portera le jean Levis noir ultra bien coupé que je lui ai offert pour son anniversaire (ce jean qui l’a définitivement décidé à abandonner les jeans d’une marque par correspondance).
Pour ma part, en bas, j’aurai un jean huilé bordeaux (qu’il fallait que je trouve) et lui, en haut, il porterait son blouson de cuir noir.
C’était coordonné, c’était un duo, c’était efficace.
J’ai passé un temps fou dans les magasins et sur internet pour trouver le pantalon bordeaux adéquat, qui serait raccord avec mon blouson et aurait ce coté rock que nous cherchions.
Mais j’ai fini par le trouver sur internet à un prix égal à mon salaire net quand je fais un concert et que je suis payée correctement.
J’ai fait des captures d’écrans pour montrer ce pantalon à l’ensemble du groupe.
Il a été validé. Je l’ai commandé.
Cette couleur bordeaux était vraiment belle.
Quand on sait maintenant que ces photos de presse, pour des raisons esthétiques, sont quasiment toutes devenues des photos en noir et blanc, on est en mesure de dire que j’ai perdu beaucoup de temps dans la recherche de ce pantalon et on peut également dire que j’aurai mieux fait de dépenser cet argent dans des bouquins de développement personnel, car, l’âge avançant, curieusement, je ne m’arrange pas.
Je me découvre même de nouvelles pathologies.
Mais ceci fera l’objet d’un ouvrage à part entière.
Je m’arrête ici pour aujourd’hui, car nous sommes actuellement en vacances en famille au bord de la mer et ceci nécessite ma présence à différents postes.
Différents postes, par toujours très intéressants, il faut bien l’avouer.
Différents postes, à part dans l’eau. Je n’aime pas trop me baigner dans la mer. C’est comme ça. Moi, je m’accepte.
Mais le prochain qui me dit : « Viens, au début elle est fraîche, mais une fois qu’on est dedans elle est bonne », je lui éclate la tête dans les rochers.
Et je ne l’emmènerai pas aux urgences.
La suite au prochain épisode.
Je vous embrasse,
Liz
Ps : La photo a été prise par François Guillement, mais vous le saviez déjà.