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La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.

LE BLOG DE LISE PRAT-CHERHAL

Nous avons fait le Plein des Sens

Nous avons fait le Plein des Sens

Lorsque nous sommes arrivés à Châtellerault avec Morvan, notre première préoccupation fut, comme à chaque fois que l’on arrive dans une ville que l’on ne connait pas, de se demander dans quel musée de cette ville nous n’irions pas nous emmerder. 

En longeant la Vienne, j’ai donc demandé à Morvan : 

 

- Dis donc, dans quel musée on ne va pas aller cette fois ? 

Il me proposa alors de ne pas aller au musée « Auto, moto, vélo ». 

Je trouvais que c’était une très bonne idée ! 

 

Et comme, par le fait même, nous n’y sommes pas allés, nous sommes directement allés sur notre lieu de concert. 

Arrivés dans la rue dont le nom était indiqué sur notre feuille de route, nous garâmes notre véhicule provisoirement dans un endroit qui n’était pas prévu à cet effet mais ce n’était pas grave car Morvan m’affirma qu’il avait une dérogation. 

Il n’était cependant pas en mesure de me montrer le moindre papier relatif à ce droit qu’on lui octroyait exceptionnellement. 

J’en ai déduit que cette dérogation, il l’avait inventée, comme d’habitude. 

 

Ce n’était pas la première fois qu’il faisait quelque chose dont il n’avait pas vraiment le droit sur la voix publique, mais, comme là, ça m’arrangeait bien, je ne dis rien. 

 

Nous sortîmes de la voiture et décidâmes de remonter la rue à pied afin de trouver le lieu de notre concert du soir. 

En remontant, ou en descendant la rue, malheureusement, on ne trouvait rien. 

 

Je décidai donc de composer le numéro de téléphone qui était indiqué sur notre feuille de route pour joindre notre référente concert de la soirée afin de lui demander de l’aide. 

Et elle m’a répondu. 

Quand je lui ai annoncé que nous étions bien arrivés rue Saint-André elle m’a informé que le lieu du concert avait changé et que c’était pour ça qu’on ne le trouvait pas. 

Je fut rassurée car je pensais qu’on ne le trouvait pas parce qu’on était des gros nuls, mais en fait, pas du tout. 

On n’était pas des gros nuls. 

On était tout à fait normaux. 

Il était prévu au départ que le concert ait lieu à l’extérieur, dans un jardin, mais comme nous venions de rentrer dans l’automne avec nos pulls en alpaga et autre mohair, les organisateurs craignaient beaucoup une éventuelle averse. 

Ils avait donc préféré changer le lieu du concert et nous mettre à l’abri. 

C’était une gentille attention de leur part. 

L’avenir nous montrera que cette journée ne fut qu’une suite de gentilles attentions de leurs parts. 

 

J’ai donc demandé à notre référente la nouvelle adresse du concert pour la rentrer dans notre gps. 

 

On me répondit : 

- Le concert a lieu au 20 rue des chieurs … 

 

20 rue des chieurs ? 

 

Stupéfaction de ma part. 

 

Des noms de rues incroyables, j’en avais vu dans ma carrière, j’avais vu la rue des boulets, la rue de l’enfer, et même la rue du Morvan,  mais là, la rue des chieurs, c‘était vraiment inégalable ! 

Je me régalais d’avance à l’idée de faire un concert rue des chieurs et je me régalais aussi à l’idée de rentrer à Nantes et de raconter ça mais par mesure de sécurité je demandai quand même à la personne que j’avais au bout du fil de m’épeler le nom de la rue pour être bien sûre de ce que je venais d’entendre. 

 

Et là, grosse déception, j’avais mal entendu. 

 

C’est au 20 rue des scieurs que la soirée allait avoir lieu. 

J’étais un peu déçue mais c’était pas grave. 

Nous y sommes quand même allés. 

 

Arrivés rue des scieurs donc, avant de descendre de la voiture, j’ai dit à Morvan : 

- Allez viens, on va rencontrer nos nouveaux copains ! 

 

Et c’est ce qu’il s’est passé. 

Nous avons été accueillis par les membres de l’association « Le plein des sens » et après avoir bu un café ensemble en faisant chacun des brèves rétrospectives de nos vies respectives, ils nous ont aidés à installer notre espace scénique sur le tapis du salon et nous avons ainsi fait notre balance. 

Au sein de cette équipe accueillante, deux personnes s’appelait Fred, alors quand on avait besoin de quelque chose et qu’on disait « Fred », ils se retournaient tous les deux. C’était bête mais ça me faisait rire. 

 

Quand à la fin de la soirée, assise dans un canapé à côté d’une autre Lise, j’ai cru qu’on m’interpellait alors que pas du tout, ça ne m’a pas fait rire. 

 

Et puis comme il était 19h, des gens ont commencé à arriver. 

C’était la bonne ambiance. 

Ça ressemblait à une fête de copains. 

On aurait d’ailleurs pu croire que c’était ma fête d’anniversaire, vu que tout le monde venait pour me voir. 

Et qu’en plus j’avais eu 25 ans deux jours avant. 

Ou 37 ans, je sais plus. De toute façon, on s’en fout. 

Cette soirée était donc un genre de fête d’anniversaire où je ne connaissais personne à part Morvan. 

 

Tous les participants à la soirée arrivaient avec des paniers et des sacs remplis de choses diverses, à boire et manger, qu’ils disposaient sur une grande table. 

Il y avait des tartes dans des sacs à tartes, des pâtés dans des bocaux, du pain maison sur une planche, des fromages, des tomates cerises non calibrées car elles venaient d’un jardin et plein d’autres choses.  

La grande table de la salle à manger fut très rapidement remplie, alors on s’est mis à la vider. 

En mangeant une part de tarte, je me suis dit que ce n’était pas souvent que je mangeais avec le public avant le concert. 

Je crois même que ça ne m’était jamais arrivé. 

Morvan buvait de la bière mais ça, ça arrivait très souvent.

 

Une dame est alors passée devant nous avec un plateau contenant des tartines recouvertes d’une genre de pâté noir et nous a invité à goûter cette spécialité. 

On m’informa qu’il s’agissait de boudin noir n’ayant pas été mis dans son boyau et qui, de fait, avait été étalé sur du pain. 

Allons bon. 

J’ai refusé poliment car ça allait trop loin pour moi dans la découverte culinaire locale.

 

En reprenant du cake salé, j’ai discuté avec notre référente pour en apprendre un peu plus sur nos nouveaux amis. 

Elle m’a alors raconté l’histoire et le quotidien au sein de l’association, le temps qu’elle donnait pour l’asso, le plaisir, le partage, la pression, les soirées bénéficiaires, les soirées déficitaires, le boulot qu’elle faisait pour que toute cette activité ait lieu. 

Elle me dit aussi que quand il y avait des difficultés, elle se demandait vraiment pourquoi elle s’était embarquée là dedans. Mais que la réponse à la question « pourquoi je fais tout ça? » était : 

- Parce que c’est ça la vie ! 

 

Cette phrase m’a marquée et je pense l’avoir répétée une bonne cinquantaine de fois tout au long de la soirée au sujet de différentes choses. 

 

A un moment de la soirée, alors que je discutais avec une personne dont j’ignorais tout, Morvan m’informa que j’étais en train de discuter avec un employé de la Sacem. 

Allons bon. 

Je me suis alors demandée intérieurement si on était bien en règle concernant la déclaration des droits d’auteurs de cette soirée. 

Je n’en savais absolument rien, alors je n’ai rien dit de particulier à ce propos. 

Et tout c’est bien passé. 

Lorsque nous avons été rejoints par un autre homme, un homme dont j’ignorais également tout, je lui ai directement demandé si, à tout hasard, il ne bossait pas à l’Ursaff. 

Ce n’était pas le cas. 

Et c’était bien dommage car j’avais tous les papiers nécessaires en cas de contrôle. 

 

Et puis, notre concert a démarré dans le salon. 

Il y avait des gens assis par terre, des gens sur des chaises, des gens assis dans des canapés, des gens assis dans l’escalier dont les jambes pendaient dans le vide et des gens debout dans le fond près de l’îlot central de la cuisine. 

 

À un moment, comme souvent dans les concerts en duo, j’ai fait une petite pause et j’ai demandé s’il y avait des questions. Et il y en a eu. 

Comme souvent on m’a demandé pourquoi j’utilisais la langue des signes. 

J’ai répondu. 

On m’a aussi demandé ( et ça, ça ne m’était jamais arrivé) de quoi parlait la chanson « Il est arrivé quelque chose ». 

Alors j’ai répondu aussi et forcément c’est devenu un moment un peu triste. 

Mais c’est ça la vie. 

Et puis une fois que le moment triste a été derrière nous, c’est redevenu joyeux ! 

Parce que c’est surtout ça la vie ! 

 

A la fin du concert, plusieurs personnes nous ont aidés à ranger. 

Parce que c’est ça la vie. 

Fred m’a demandé s’il pouvait garder ma set liste. 

Il aime bien garder les set listes des concerts qu’il organise. 

Il m’a donc demandé si j’en avais une autre pour le concert du lendemain. 

Je n’en avais pas d’autres mais je lui ai donné quand même parce que j’avais envie de lui faire plaisir. 

Et parce que c’est ça la vie. 

Je me disais que j’allais m’arranger le lendemain avec celle de Morvan.

 

Le lendemain matin, avant de partir, l’équipe du plein des sens nous emmena visiter le lieu de leur future salle de concert. 

Une ancienne station service désaffectée que deux d’entres eux avaient achetée et qu’ils allaient réhabiliter tous ensemble. 

Cette salle s’appellera « La Station ». 

Pour l’instant, c’est un gros chantier avec des bouts de plafond qui tombent sur le sol, mais bientôt ce sera une pure salle de concert. 

On s’est promis de revenir jouer dans cette salle prochainement avec L’Alliance ou 28Saphyr, que cette salle soit finie ou pas. 

 

Et puis, nous sommes montés dans notre voiture direction Orléans où nous étions attendus pour 13h30. 

 

Dans la voiture, j’ai dit à Morvan : 

- C’est quand même super de rencontrer des gens comme eux, des gens qui se fédèrent comme ça, qui s’organisent, qui créent, qui animent, qui provoquent des rencontres, qui montent des projets, qui accueillent des concerts, qui donnent de leur temps pour créer de la vie. Ils sont quand même super ! Ils sont tellement supers qu’à côté d’eux, je me sens vraiment comme une merde. 

 

Et là, Morvan s’est énervé et m’a quasiment engueulé, enfin engueulé, toute proportion gardée car ça reste Morvan. Autant dans le positif que dans le négatif, il ne fait jamais montre d’énormes éclats de voix (contrairement à moi). 

Il m’a dit : 

- Mais tu vas arrêter de dire ça, tu vas arrêter de te dévaloriser tout le temps. Enfin ! 

 

Oh purée, il me l’avait déjà dit, il me l’avait déjà dit plein de fois et j’avais promis que je ferai attention, mais ça revient tout le temps … sans que je m’en rende compte. Ça doit faire partie de moi … un truc intrinsèque … 

 

En roulant, j’ai fait le bilan dans ma tête de cette soirée et j’ai remercié Morvan d’être avec moi, de m’accompagner dans la vie, de jouer avec moi sur toutes sortes de scènes et surtout de me permettre de vivre tous ces moments là. 

Je lui ai dit : 

- Je t’aime

Il m’a dit :

- Moi aussi,  je t’aime. 

Et je lui ai dit : 

- Oui, mais moi c’est mieux. 

Un premier pas vers la valorisation de moi-même. 

 

Ainsi, s’achève cet épisode à Châtellerault. J’ai vraiment aimé ce concert acoustique improvisé au Plein des Sens. Sachez que dès que l’occasion se représentera, on n’hésitera pas à relancer un appel via internet pour aller jouer ici ou là, histoire de couper la route en deux ou en trois … parce que ça nous a vraiment plu ! 

cleardot.gif

 

Je vous embrasse, Morvan non, il n’est pas dispo, il est en train de finir l’arrangement du tout dernier morceau de 28Saphyr (car nous jouons à Rezé vendredi 11 Octobre). Ce morceau s’intitule « 28Saphyr, Pourquoi? », parce qu’on nous a beaucoup posé cette question ces derniers temps. 

 

A très bientôt ! 

 

Ps : J’étais pas vraiment concentrée sur l’objectif pendant cette photo, j’avais visiblement un truc très important à dire à mes nouveaux amis.

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A
J'aime beaucoup votre blog en particulier mais j'aime aussi les musées en général, aussi vous trouvé-je un peu abusivement ricanante à leur égard. Sinon c'est bien. :-)))
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A
J'adore te lire, c'est si drôle, si juste, si touchant, si doux, si rigolo, c'est ça la vie!!
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