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La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.

LE BLOG DE LISE PRAT-CHERHAL

Alors que j'en avais désormais tout à fait le droit, je ne m'étais, curieusement, absolument pas remise au sport

Alors que cela faisait déjà presque une semaine que j’avais été expressément autorisée par la remplaçante de ma médecin traitante à retourner à la salle de sport de façon modérée mais à y retourner quand même, je n’y étais absolument pas retournée. 

Et je ne savais pas pourquoi je ne profitais pas de ce droit. 
Il y a trois 3 mois, le 11 janvier précisément, on m’avait prescrit de rester chez moi, de ne plus chanter, de ne plus faire de concerts et surtout on m’avait formellement interdit de remettre les pieds à la salle de sport avant la mi-avril. 
Il fallait laisser à mon sternum le temps de se recoller convenablement. 

Depuis ce jour, je scandais à qui voulait bien l’entendre que j’étais vraiment dégoutée de cette situation, que ne plus faire de sport me manquait terriblement et que vraiment, je trouvais ça terriblement injuste d’être privée de mon activité sportive, et injuste d’être la personne qui était punie alors que je n’étais pas la personne qui s’était endormie au volant ce fameux 11 janvier. 

Mais, il fallait bien l’admettre, cette situation de choc traumatique était désormais derrière moi. 

J’avais de nouveau le droit d’aller transpirer de façon modérée sur des machines de cardio et de soulever des poids. 
Néanmoins et très curieusement, je n’y allais pas. 

Pourquoi ? 

Il fallait que je comprenne ce qui se passait dans mon esprit. 
Ce qu’il s’y passait quand n’y tournaient pas en boucle des images de nous faisant des tonneaux sur une route du vignoble nantais. 

Je décidais donc de réfléchir très sérieusement à cette situation, puisqu’étant toujours en arrêt de travail, j’avais énormément de temps pour ça. 
Je vous livre ici le résultat de ma réflexion dont je vous rappelle la problématique : pourquoi alors que j’ai désormais le droit de le faire, je n’ai pas absolument couru à la salle de sport. 

Première hypothèse :
Lorsqu’on est un être humain et que quelque chose est interdit, il arrive parfois qu’on ait très envie de faire cette chose. 
L’interdit est attirant, l’interdit est excitant. 
Une fois que l’interdit est levé, la chose se révèle parfois beaucoup mois attirante. 

Exemple : sortir avec une femme ou un homme marié. C’est attirant, excitant, marrant, palpitant … mais le jour où la personne attirante, excitante, marrante, palpitante se libère de son joug conjugal, et bien il arrive parfois (pas tout le temps heureusement) que la relation attirante, excitante, marrante et palpitante se transforme en quelque chose de beaucoup moins attirant, excitant, marrant et palpitant. C’est ainsi. Nous les humains, on est attirés par l’interdit. 

Appliquons maintenant cette théorie à mon cas personnel et sportif. 
On m’avait interdit la pratique du sport depuis presque 3 mois, j’avais donc depuis cette interdiction, en très
bonne être humaine que je suis, très très très envie d’en faire. 
Et depuis la levée de cet interdit, j’étais,
en très bonne être humaine que je suis toujours, beaucoup moins attirée par cette activité. 

Ce raisonnement tenait la route à mon sens, mais en y réfléchissant plus longuement, puisqu’il me restait encore plein de temps d’ici la fin de mon arrêt de travail, j’eus une autre idée. 

Mon non-retour au sport alors que j’en avais désormais le droit était peut
-être dû à une autre chose. Une chose qui, à mesure que j’y réfléchissais me paraissait de plus en plus fondée. 
Est
-ce que ma passivité face à la reprise du sport ne viendrait pas du fait que mon retour éventuel à la salle me mettrait immanquablement face à l’ampleur des dégâts corporels résiduels causés par l’accident et par cet arrêt du sport durant trois mois ?

Cette théorie me paraissait on ne peut plus plausible. 

En effet, les dégâts actuels sur mon corps, qu’ils aient été causés par l’accident ou par l’arrêt du sport
, étaient on ne peut plus réels, et ceci même si j’avais lu dans les rubriques faits divers des journaux relatant l’accident dont j’avais été victime que « les blessures étaient sans gravité », lecture qui m’avait grandement affectée, mais probablement pas autant affectée que le jour où la gendarme chargée de l’enquête m’avait demandé de remplir un constat « à l’amiable » avec le responsable de l’accident. 
Pfff « à l’amiable » … ce mot est vraiment le dernier que j’ai envie d’utiliser dans cette situation de constat. 

Bref, en sus de mes quelques blessures, les dégâts de l’arrêt de l’activité physique sur mon corps étaient bien réels, et ça je le constatais régulièrement depuis l’accident. 

En effet, outre le fait d’être parfois essoufflée simplement en me levant du lit le matin, d’avoir toujours régulièrement mal à différents points dans la poitrine et d’avoir également très régulièrement la sensation qu’on m’a coulé du béton dans les cervicales, je constatais également qu’au niveau de la fermeté de mes chairs, la donne avait dernièrement un peu changé. 

Et ça, je le constatais régulièrement en mettant plus ou moins facilement mon jean. Un jean Levi’s 714 straight de taille 25x32 et de couleur bleu clair. 

Ce jean était désormais mon seul jean puisque mon autre jean, un autre jean Levi’s 714 straight de taille 25x32 mais bleu foncé celui-là, qu’auparavant je mettais en alternance avec le jean précédemment cité, et que je portais le jour de l’accident, avait été découpé de manière assez grossière, mais je leur pardonne évidemment, par les pompiers pour accéder à la blessure que j’avais à la jambe gauche. 

Au moment de cette découpe
aux ciseaux, toute préoccupée que j’étais par la joie d’être en vie et également par la joie que mon fils soit également en vie, je me foutais pas mal de ce jean Levi's 714 straight bleu foncé. 

Mais une fois revenue à la réalité de ma vie, la perte de ce jean ne fit que renforcer mon sentiment d’injustice face à cette situation et rajouta un ligne à la liste des choses que j’avais perdues durant cet accident, à la suite de :
- La voiture et tous les objets personnels qu’elle contenait (dont notamment mon porte clé en forme de clitoris qu’on venait tout juste de m’offrir)
- Ma sérénité quand je croise une voiture
- Ma capacité respiratoire
- Ma vie professionnelle durant trois mois
- La possibilité de faire la promo de mon album à sortir
- La première représentation de mon nouveau spectacle, vous savez, celle qui est un peu comme une vitrine, celle où on invite les professionnels de la profession pour donner toutes les chances à ce spectacle de faire une belle tournée la saison d’après. 
- La possibilité de faire une belle tournée la saison d’après, donc
- La fermeté de ma chair
- Ma capacité à avoir envie de rouler à plus de 60 km heure sur une route limit
ée à 80 
- La possibilité de dormir sereinement et sans m'arrêter toute une nuit durant
- Mon jean bleu foncé

Si vous connaissez le prix des jeans Levi’s, vous devez certainement comprendre pourquoi, d’une, je suis quand même un peu dégoutée qu’on me l’
ait découpé, et de deux, comme je n’ai plus de revenus depuis le 11 Janvier, pourquoi je n’en rachète pas un tout de suite. 

Toujours est-il que désormais, à chaque fois qu’il m’arrivait de porter le jean Levi’s non coupé qu’il me restait, je me rendais compte par moi même que l’arrêt du sport avait des conséquences bien réelles, si j’en croyais les sensations d’étranglement de la cuisse que je ressentais désormais et les régulière
s difficultés à en boucler la ceinture.

 

Je me rendais également compte de mes transformations corporelles à chaque fois que je prenais une douche, douche qui, en toute honnêteté n’était pas quotidienne durant cet arrêt de travail, (que le premier qui se lave tous les jours alors qu’il ne sort pas de chez lui et ne croise personne me jette le premier Tahiti douche). 

Je constatais ces transformations, tout simplement quand je voyais dans le miroir reflétant ma propre image que le mou de mes bras et de mon ventre s’était dernièrement accentué


Alors comme les chiens que l’on met le nez dans leur propres déjections, ne pas aller à la salle de sport était sans doute pour moi une manière d’éviter de me retrouver, toute seule, le nez dans ma propre situation de merde. 
 

Voilà probablement pourquoi je ne suis pas retournée à la salle de sport dès l’instant où j’ai été autorisée à le faire. 

Je ne vois pas d'autres explications. 

Depuis, cet épisode qui s’est déroulé la semaine dernière, je suis très heureuse de vous annoncer que j’y suis finalement retournée, et je vous raconterai ça dans le prochain épisode qui va probablement  s'intituler : j’étais retournée à la salle de sport mais ce n’était pas très beau à voir. 

Moi qui, visiblement, ne suis absolument pas en train de faire du sport

Moi qui, visiblement, ne suis absolument pas en train de faire du sport

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hello Lise, Christine et moi-même avons bien pensé à toi ce week-end du 1er et 2 avril ! nous étions en stage vocal BEATLES avec mission voix Franche-Comté où ? à Echo System à Scey sur Saône, le même lieu où l'on a fait le super stage avec Liz Cherhal et Morvan Prat !! Magali Lange, cheffe de choeur, nous a épatées avec son enthousiasme et sa jambe en titane ! Reprends doucement pour le sport, ne serait-ce que pour que l'on s'occupe bien de toi. Let it be, let it be... . bizz. Agnès
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