Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.

LE BLOG DE LISE PRAT-CHERHAL

Une fois, à 40 ans, j'avais été très en forme.

En forme, bien qu'un peu floue.

En forme, bien qu'un peu floue.

 

L’histoire que je vais vous raconter s’est passée en juin dernier.

Ce soir-là, je me produisais sur la scène de la Salle Paul Fort à Nantes pour fêter les 40 ans de la Bouche d’Air, une association culturelle dont l’activité principale est de programmer des chanteuses et des chanteurs français et également de les aimer passionnément.

Je faisais partie de la vingtaine d’artistes sollicitée pour cet événement.

Ce soir-là le public était très chanceux car j’étais très en forme et ce malgré mes 40 ans qui était également l’âge de l’association culturelle susmentionnée.

J’arrivais tout juste de Bretagne où j’avais participé à une semaine de jeûne et randonnée. Attention, un séjour de jeûne et randonnée, ce n’est absolument pas un séjour où tu randonnes entre jeunes, je vous rappelle que j’ai 40 ans.

Non, pendant un séjour de jeûne et randonnée en vérité, tu randonnes plutôt entre vieux, et pendant la totalité du séjour, tu ne manges rien dans le but de détoxifier ton corps et ainsi chasser les mauvaises mémoires qui perturbent ton corps et ta vie.

Et des mauvaises mémoires, à 40 ans, je peux vous dire que j’en avais accumulées pas mal.

Rien que cette année.

(Si vous êtes une habituée ou un habitué de mon blog, vous êtes au courant des évènements ci-dessous décrits, vous pouvez donc les survoler pour aller directement lire le vif du sujet, mais vous pouvez également lire cette partie car certains détails n'avaient jamais été révélés auparavant)

L’année 2023 avait assez mal démarré pour moi. Au mois de janvier, le 11 précisément alors que je roulais tranquillement sur une route départementale en compagnie de mon fils, j’avais croisé la route d’un conducteur qui, alors qu’il était fatigué, avait préféré continuer à rouler sur cette route départementale. Résultat, quel con, il s’était endormi, avait quitté sa voie et nous avait percutés de plein de fouet.

Mon fils était parvenu à sortir de la voiture seul. Les pompiers ont mis trois heures pour me désincarcérer. J’ai ensuite patienté une heure environ en regardant le plafond du camion, ils ne savaient pas où m’emmener.

En attendant qu’on leur donne le feu vert pour m’emmener dans le service d’urgence qui avait une place, un des pompiers me distrayait en me racontant que mon accident était déjà annoncé sur les réseaux sociaux d’accident du 44.

J’étais passée à la postérité alors que je n’étais même pas morte.

Nous sommes allés aux urgences et j’en suis sortie 6 h plus tard avec le sternum cassé et une entorse du rachis cervical (le rachis cervical, c’est le cou, et il faut bien reconnaître que j’ignorais le vrai nom de cet endroit de mon corps avant de me l’entorser).

La voiture fut totalement détruite mais mon fils allait bien et c’était bien le principal à mes yeux.

Cet accident me mit, (et ceci pour la première fois de ma vie) en arrêt de travail durant 3 mois.

J’ai donc passé le début de l’année 2023 à errer entre mon lit, mon canapé, mon téléphone (pour appeler la CPAM) et mon imprimante (pour imprimer des papiers pour la CPAM), tout ceci en prenant des médicaments anti-douleurs, énormément de médicaments anti-douleurs.

Un jour, durant cet arrêt de travail, alors que je venais tout juste de prendre mon anti-douleur quotidien, j’ai ressenti une très vive douleur au niveau du cœur. C’était une douleur tellement inconnue et tellement douloureuse que j’ai cru faire une crise cardiaque.

J’ai dit à mon mari :

– Je crois que je fais une crise cardiaque.

Alors il m’a emmenée aux urgences.

Contrairement à ce que je pensais, et qui confirme que je n’y connais vraiment pas grand-chose en médecine, et que je fais bien de ne pas être médecin, ce n’était absolument pas une crise cardiaque. Cette douleur c’était juste les effets secondaires de mes médicaments anti-douleurs.

Pour faire disparaître cette nouvelle douleur causée par mes anti-douleurs, on me donna un nouveau médicament anti-douleur que je pris de nombreuses fois en complément de mes premiers anti-douleurs.

Je pris donc pendant plusieurs semaines des anti-douleurs et des anti-anti-douleurs, ce qui fait qu’au niveau du foie j’avais un énorme travail de nettoyage à faire.

(Et c'est ici que nous entrons ensemble dans le vif du sujet)

Un jeûne d’une semaine m’était donc totalement indiqué. Je me disais aussi que cette semaine de jeûne et randonnée entre vieux serait aussi l’occasion pour moi de faire le point sur ma vie professionnelle qui ne ressemblait plus à rien depuis ce 11 janvier.

C’était un gros programme.

J’ai donc réservé ce séjour moyennant une somme bien supérieure au montant total des salaires que j’avais touché ces derniers mois.

Pour qu’une semaine de jeûne se passe dans les meilleures conditions, il faut, une semaine avant le départ, faire une descente alimentaire c’est-à-dire enlever jour après jour différentes familles d’aliments de son alimentation. Cette descente, il faut la faire scrupuleusement et en suivant un protocole bien précis pour que l’arrêt de nourriture ne soit pas trop brutal.

On enlevait d’abord, le café, l’alcool et le sel. Ensuite les protéines animales. Puis le gluten. Puis le les céréales. Puis les oléagineux et les légumineuses. Il ne restait pour les derniers jours de descente que les fruits et les légumes.

Me voyant faire ma descente alimentaire, mon mari me disait :

– Mais tu vas finir par faire une descente d’organes alimentaire.

Non je ne faisais pas une descente d’organes alimentaires, juste une descente d’organes.

Pardon, juste une descente alimentaire.

J’attendrai un peu pour la descente d’organes, je vous rappelle que je n’ai que 40 ans.

Parfois mon mari ajoutait :

– J’ai peur que tu meures.

Non, je n’allais pas mourir, si j’avais dû mourir c’eût été le 11 janvier dernier sur cette route départementale car je tenais là les conditions idéales.

Arrivée à la fin de ma descente alimentaire, je fis ce qu’on fait tous avant le démarrage d’un jeûne ou la veille d’une coloscopie, à savoir : une purge.

Oui, je vais maintenant écrire à propos de la purge et rien ne vous oblige à lire ce qui va suivre.

Qu’est-ce qu’une purge ?

La purge a pour but de vider complètement les intestins de façon plutôt liquide afin qu’ils se mettent au repos. C’est comme ça qu’on attaque un jeûne : avec les intestins complètement vides.

Pour ce faire, il faut boire un demi-litre d’un produit absolument dégueulasse qui a pour effet, en général, de vous conduire instantanément aux toilettes les plus proches, pour que purge se fasse et cela vous amène à vous y rendre plusieurs fois durant les heures qui suivent.

C’est ainsi que la veille de mon départ en jeûne, vers 17 h, comme indiqué dans le protocole de préparation au jeûne, je bus cette boisson immonde.

Et savez-vous ce qu’il se passa ?

Et bien malheureusement, il ne se passa absolument pas ce qui aurait dû se passer, puisque de mon côté, à ce moment-là, il ne se passa absolument rien.

J’ai attendu toute la soirée. Rien.

En guettant l’effet de ma purge, je consultais régulièrement l’annonce Blablacar du voyage que j’avais réservé pour le lendemain afin de me rendre à ce séjour qui avait lieu à Mesquer.

J’avais réservé un trajet avec Patrick, et pour l’instant, j’étais la seule co-voyageuse. Cette situation ne me plaisait guère car je n’aimais pas trop l’idée de me retrouver seule dans une voiture avec un homme que je ne connaissais pas et qui s’appelait Patrick.

Je n’ai rien contre les Patrick, mais c’est juste que si vous êtes un Patrick vous êtes forcément un homme et vous êtes forcément plus vieux que moi car je n’ai pas le souvenir d’avoir côtoyé beaucoup de Patrick sur les bancs de l’école.

Si la veille du départ il n’y avait pas d’autres covoitureurs pour ce trajet, j’allais être seule en voiture avec Patrick et ça commençait à me stresser, tout comme cette purge qui ne faisait pas effet.

 

La nuit a passé, et le jour du départ est arrivé.

 

À 11 h, soit deux heures avant que je rejoigne ledit Patrick sur l’aire de covoiturage, blam, gros poids d’un coup dans le bas du ventre.

La purge.

Elle commençait à faire son effet. J’étais mi-contente mi-effrayée.

Contente car, enfin, le produit faisait effet sur moi et allait me permettre de démarrer mon jeûne dans les meilleures conditions avec les intestins vidés.

Mais effrayée car, une purge, ça se fait en de multiples étapes sur une durée pouvant avoisiner les 5 à 6 heures.

Et moi, deux heures plus tard je partais en Blablacar.

Avec Patrick.

J’étais mal.

À 13 h, je partis au point de rendez-vous en me répétant, dans ma tête, comme un mantra : Il ne faut pas que je me chie dessus en Blablacar, il ne faut pas que je me chie dessus en Blabacar.

Alors que je me répétais mon mantra, je vis arriver la Polo Volkswagen bleue qui allait me mener jusqu’à mon lieu de jeûne pour vieux. J’allais enfin voir si Patrick avait l’air d’un agresseur potentiel de femmes.

Je n’étais pas rassurée.

La voiture s’approcha de moi, je vis qu’il y avait deux personnes à l’intérieur. Bizarre, sur l’application, rien ne m’indiquait qu’il y avait un autre covoitureur.

La porte passager s’ouvrit.

Un homme sortit et me dit :

– Bonjour.

En me rapprochant de la voiture, je regardais attentivement les deux hommes.

Ils semblaient avoir une cinquantaine d’années et étaient très soignés, les cheveux poivre et sel, lavés et bien coupés, des lunettes de soleil qui coûtent cher sur la tête et des habits propres et repassés.

Plus je m’approchais, plus je sentais que malgré les 35 degrés qu’il faisait en ce jour de juin, ils utilisaient un déodorant irréprochable.

Mais, mais, mais… Mon dieu ! Beauté, propreté, cheveux bien coupés ! Mais quelle chance !!!

C’était un couple gay !!!

Je n’avais absolument rien à craindre !!

J’étais soulagée.

Enfin, j’avais quand même une crainte quand je regardais la banquette arrière de la Polo impeccablement propre.

Je leur dis avec un grand sourire :

– Bonjour, je suis Lise.

Mais dans ma tête, j’ai dit :

– Bonjour je suis lise et j’ai très peur de chier mou dans votre voiture.

Comme ceci n’était que dans ma tête, ils n’ont rien entendu et m’ont fait prendre place sur la banquette arrière en pliant le siège passager avant.

Cela faisait bien longtemps que je n’étais pas montée dans une voiture sans portes arrières. Dans mon entourage tout le monde est un peu vieux, moi la première, alors nous avons tous des voitures avec des portes arrières, pour nos enfants.

Eux visiblement, les portes arrières, ils n’en avaient pas besoin. Ça confirmait ma thèse.

Et la voiture a démarré.

Patrick me demanda si cela me dérangeait s’il prenait, au lieu de la 4 voies, un itinéraire côtier, certes, un peu plus long mais tellement plus joli.

Je lui dis, en serrant les fesses :

– Pas de problème.

Et nous roulâmes tous les trois en écoutant Véronique Sanson.

 

Et ce qui devait arriver…

 

n’arriva absolument pas .

 

Je ne sais pas par quel miracle de la vie la banquette arrière de la voiture de Patrick a été épargnée ce jour-là. La force de mon mantra sans doute.

C’est sur cette note positive et très propre que se termine cet épisode. En conclusion, et en me tournant vers l’avenir, je dirai qu’il ne faut jamais douter de la puissance des mantras, même ceux que l’on invente, et qu’il ne faut jamais douter non plus de la puissance de ses sphincters.

 

Je vous remercie de m’avoir lue.

 

Lise Prat-Cherhal

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
Q
j ai trop rigolé depuis Vesoul ! Ca déconstipe les boyaux du cerveau !!! bizzz Agnès
Répondre