Je suis jurée du MuMA

Contre toute attente, je vais être cette semaine membre du jury du MuMA.

Mais qu’est ce que le MuMA ?

C’est un diplôme de musiques actuelles (un diplôme que je n’ai pas, mais ça, personne ne le sait… enfin si, tout le monde le sait maintenant, vu le nombre assez hallucinant de personnes qui lisent mes écrits, mais bon, tout ça n’a pas vraiment d’importance).

Je ne vous cache pas que, personnellement, j’aurais préféré être jurée aux assises, pour assouvir ma passion pour les faits divers et les meurtres, mais je me dis que pour être un bon juré, il faut bien commencer quelque part.

Et, finalement, c’est peut être pas si mal que je commence par être dans un jury qui n’a pas la possibilité d’envoyer quiconque en prison car, étant joueuse et toujours un peu inquiète quant à mon avenir professionnel, je pourrais très bien avoir l’idée de donner de la prison à perpétuité à quelqu’un, juste pour être sûre d’avoir toujours des clients lors de mes prochains ateliers en milieu carcéral. Mais ceci n’est pas le sujet.

Le sujet c’est le diplôme des musiques actuelles.

Au téléphone, le référent des formations m’a expliqué comment allait se dérouler cette journée d’épreuves.

Il y avait beaucoup d’informations ... et comme ceci s’est déroulé durant une période ou j’avais volontairement peu de contacts avec le monde social, ce flot d’informations me dépassait un peu.

Je ne saisissais pas tout mais j’ai vite compris que le référent allait passer toute la journée avec moi.

Ceci était très satisfaisant car j’éviterai ainsi très certainement de me perdre dans les nombreux couloirs, étages et escaliers de Trempolino.

Quant à la véritable nature de mon rôle, je l’ignorais, mais le référent aurait tôt fait de me la dévoiler.

Tout ceci allait se passer ainsi.

Les accusés, enfin les étudiants musiciens, nous présenteront deux choses :  un repiquage de morceau et une création personnelle.

Pour les épreuves des guitaristes et des batteurs, nous serons, le référent et moi même, accompagnés dans le jury par un professionnel de la profession du dit instrument (un guitariste pour l’épreuve guitare et un batteur pour l’épreuve des œufs en neige, non, pour l’épreuve de batterie).

Pour l’épreuve des chanteurs, nous ne serons accompagnés de personne, étant  moi-même une professionnelle de la profession du dit instrument appelé « La voix ».

Cette formation était très mystérieuse pour moi, je me demandais bien qui sur cette terre avait eu la chance de passer l’entière année scolaire à recevoir des enseignements musicaux et allait donc passer cet examen devant moi, la jurée.

J’ai donc demandé au révérend, enfin non, au référent:

- Et qui sont les musiciens cette année ?

Il m’a répondu :

- Le matin, pour la guitare, c’est Warren Mutton.

Euh …. Pardon …..? Warren Mutton ?

J’allais faire passer un examen à Warren Mutton ?

(Maman, Warren Mutton est un chanteur et guitariste nantais extrêmement talentueux et charismatique, il joue dans le groupe Ko Ko Mo, groupe qui cartonne, et ceci à raison, tu peux aller écouter sur deezer, mais comme il chante en anglais, tu ne vas peut être pas tout comprendre…)

En tout cas, je trouvais que c’était n’importe quoi cette histoire et, qui plus est, totalement hors de question, toute Liz Cherhal que j’étais, je ne pouvais clairement pas me mettre en face d’un musicien comme lui et faire des commentaires, voire un jugement, voire l’envoyer en prison … c’était pas possible. Vraiment pas possible.

Dans ma vie j’ai été capable de faire de l’esbroufe, ça oui, beaucoup d’esbroufe j’en fais encore très régulièrement quand j’ai assez d’énergie, mais là, ça allait trop loin pour moi.

J’ai donc hurlé dans mon iPhone SE qui était directement relié par les ondes à l’oreille du référent :

- QUOI !!!!!!!!??????? Mais je peux pas juger un musicien comme lui !!!!!

Le référent a rigolé et m’a tout de suite fait redescendre :

- Ah, non, non, non, il n’est pas en formation, lui, il fait partie du jury, il va être juré pour les guitaristes.

Fioufffffffff …..

J’avais mal compris … Pendant une minute j’ai vraiment eu l’impression qu’on marchait à l’envers dans un monde sur la tête. Mais en fait, non.

Tout était normal. Dans un monde tout à fait normal.

Je n’allais absolument pas faire passer un examen à ce talentueux musicien, j’allais au pire, le suivre dans les couloirs et les escaliers de Trempolino pour ne pas me perdre.

Et c’est très bien comme ça.

Je vous laisse ici, mes amis, je retourne travailler auprès de Morvan, qui a besoin de mon organe m’a t-il dit.

Rien de sulfureux, il a juste besoin que je lui enregistre une voix témoin pour un tout nouveau titre de notre tout nouveau projet, notre nouveau groupe qui va éclore dans quelques mois maintenant, sous une pluie de saphirs, 28 exactement. 

Vous n'y comprenez rien, c'est tout à fait normal, il est encore trop tôt. 

Je vous embrasse,

Liz